La digitalisation du secteur financier est en cours depuis un certain temps. Ou peut-être pas ? Est-ce simplement une mode passagère qui pourrait disparaître avant même que de véritables avancées ne soient réalisées ? Certains peuvent encore y croire ou l’espérer…
Il serait souvent judicieux de se détacher des modes, mais cela n’est pas toujours facile pour tout le monde. Les gens ont tendance à surestimer l’impact à court terme d’une innovation et à sous-estimer son impact à long terme. Et les engouements se déroulent généralement suivant des phases bien définies, d’où le terme de « cycle de hype », qui provient de la société d’études de marché Gartner.
Le concept de cycle de hype expliqué
Le cycle de hype de Gartner décrit l’attention accordée aux nouvelles technologies au fil du temps. Une technologie passe toujours par les cinq phases suivantes selon ce concept :
- Le déclencheur technologique : Les nouvelles technologies suscitent d’abord un large intérêt de la part des professionnels. Le sujet prend de l’ampleur, de nombreuses entreprises se lancent (souvent par pure imitation).
- Le sommet des attentes exagérées : Les rapports sur la technologie alimentent de plus en plus le sujet, un enthousiasme exagéré se développe : le vrai hype. Les attentes sont cependant souvent irréalistes, beaucoup est encore à ses débuts ou n’est pas mûr.
- Le creux de la désillusion : Généralement, vient ensuite une chute plus ou moins profonde. Comme les attentes ne sont pas satisfaites, le sujet chute dans la perception. La couverture médiatique sur le domaine technologique diminue également considérablement.
- Le chemin de l’illumination : Bien que l’intérêt général ait nettement diminué, le développement de la technologie continue en coulisse. Peu à peu, les avantages et limites de la technologie deviennent apparents, les premières réalisations pratiques voient le jour.
- Le plateau de la productivité : Dans la dernière phase, les avantages de la technologie sont généralement reconnus, elle arrive à maturité et des développements de deuxième ou troisième génération émergent. La hauteur du plateau dépend de la capacité de la technologie, ou des produits qui en résultent, à atteindre le marché de masse ou à ne être commercialisés que dans une niche.
Ce concept de cycle de hype aide à :
- Distinguer les modes des véritables moteurs technologiques créateurs de valeur.
- Réduire le risque d’une décision d’investissement technologique.
- Aligner sa propre évaluation d’un développement technologique avec celle des experts, supposés objectifs.
Un des exemples les plus célèbres d’un tel cycle de hype est l’internet associé à la bulle dotcom.
Ce qui manque toutefois au concept, c’est une considération sur le point final d’une technologie. Dans de nombreux cas, la courbe tend en effet à baisser avec le temps, comme pour le fax ou les SMS.
La digitalisation du secteur financier
Certains voient encore la digitalisation du secteur financier comme une mode. Et même si ce n’est pas dans la digitalisation elle-même, alors au moins dans la discussion à son sujet. Car en réalité, les banques et les caisses d’épargne sont numériques depuis l’introduction de l’informatique moderne. Elles sont en quelque sorte les pionnières de la digitalisation, comme en témoignent les programmes COBOL encore maintenus dans presque tous les instituts.
Cependant, la digitalisation n’est pas en soi une technologie. Elle est plutôt rendue possible par diverses technologies. Pourtant, la question demeure légitime de savoir si elle suit les phases du cycle de hype. Si c’était le cas, la question suivante serait de savoir à quelle phase se trouve le secteur financier dans son ensemble et les institutions financières individuellement.
Les tendances technologiques actuelles en matière de banque
Dans le cycle de hype actuel de Gartner pour la transformation numérique des banques, l’IA générative, conjointe avec le low-code/no-code, se trouve exactement au sommet des attentes exagérées. Gartner prévoit que l’effet transformateur se manifestera dans deux à cinq ans. Les impacts visent notamment la découverte et la création de contenu, l’authenticité et les régulations, l’automatisation du travail humain ainsi que l’expérience des clients et des employés. La personnalisation, en particulier, pourrait connaître des progrès énormes.
L’analyse du Open Banking et des paiements en temps réel, qui se dirigent vers la productivité, ainsi que de la finance durable, qui n’a pas encore atteint le sommet des attentes exagérées, est également intéressante.
Transformation numérique plutôt que digitalisation
Que la digitalisation en tant que telle suive toujours strictement les phases du cycle de hype est discutable. Le terme de « transformation numérique » est toutefois préférable, car il décrit un processus sans fin plutôt que l’impression d’un projet.
Les cycles individuels au sein de ce processus suivent toutefois la logique d’un cycle de hype, que ce soit pour la blockchain, le Open Banking, le Voice Banking ou, tout récemment, l’intelligence artificielle générative. L’art est d’atteindre le plateau de la productivité en premier…
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