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Défis pour les banques suisses en 2024

L’année 2023 a rappelé de manière impressionnante au monde financier que la banque est un métier fondé sur la confiance. Ceci est aussi vrai pour les banques suisses, comme le démontre une étude récente.

L’an dernier, la place financière suisse a dû faire face à des défis tels que les conséquences de la prise de contrôle en urgence de la Credit Suisse par UBS, des tensions géopolitiques croissantes, une inflation persistante, une augmentation des coûts de financement et un ralentissement de la croissance économique. Malgré ces défis, la plupart des banques suisses ont su tenir bon.

Une étude récente de EY, qui a interrogé plus de 100 banques suisses de différents types et de toutes les régions, le démontre. L’analyse se concentre particulièrement sur les questions suivantes :

  • Sur quoi les banques souhaitent-elles se concentrer dans les années à venir ?
  • Quels sont leurs principaux investissements ?
  • Y a-t-il un risque de manque d’offre suite à la prise de contrôle de Credit Suisse ?
  • Faut-il s’attendre à un durcissement de la régulation des marchés financiers ?
  • Est-il possible de réguler la confiance ?
  • Quelles opportunités et risques les banques perçoivent-elles dans l’usage de l’intelligence artificielle ?

Sommaire

Conditions favorables pour les banques suisses

L’étude révèle que les banques suisses ont, dans l’ensemble, réalisé un très bon parcours commercial. Le climat favorable des taux d’intérêt a stimulé la rentabilité des banques suisses et la confiance en l’avenir reste élevée. Pour 2023, 96% des établissements interrogés prévoient une augmentation des résultats opérationnels – une hausse de 18 points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

Les banques font preuve d’une grande confiance en leurs points forts et sont extrêmement optimistes pour l’avenir. Malgré un environnement difficile marqué par des tensions géopolitiques, des faillites bancaires, une inflation constante et un ralentissement économique, 87% des banques prévoient à court terme une croissance de leur revenus. À long terme, 89% s’attendent même à une augmentation de leurs revenus.

La plupart des personnes interrogées ont également une grande confiance dans le marché immobilier et la capacité de résistance de l’économie suisse, elles s’attendent donc à peu de défauts de crédits.

Priorités d’investissement différentes selon les banques

L’utilisation des bénéfices supérieurs à la moyenne des deux dernières années varie selon les banques. Alors que les banques de détail visent principalement à renforcer leurs fonds propres et à augmenter leur résilience (72% des banques régionales et 42% des banques cantonales), les banques de gestion de patrimoine planifient des investissements pour le développement de leurs modèles d’affaires (38% des banques étrangères et 30% des banques privées).

Étonnamment, seuls 8% des banques interrogées envisagent d’améliorer la valeur pour leurs clients, alors que les attentes des clients augmentent et que leurs demandes deviennent plus complexes.

Conséquences du rachat de la grande banque

Le rachat de la Credit Suisse par UBS a renforcé la stabilité des marchés financiers et a augmenté la confiance dans la place financière suisse. Cependant, les conséquences à long terme de cette prise de contrôle continueront d’occuper les banques suisses. Il est à craindre qu’un déficit d’offre et une pénurie de crédit ne se développent dans le secteur des entreprises, ce qui à court terme est peu probable, mais à moyen et long terme, pourrait être possible, notamment pour les entreprises de taille moyenne sans accès aux marchés internationaux de capitaux.

Toutes les banques conviennent que le rachat va entraîner un durcissement de la réglementation des marchés financiers, en particulier en matière de liquidité et de fonds propres (62% et 40% respectivement) ainsi qu’un renforcement du contrôle de la FINMA (67%). Il reste à voir si ces mesures pourront véritablement réguler la confiance sur le long terme.

Les banques suisses et l’utilisation de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle a également fait son apparition sur la place financière suisse. 82% des établissements interrogés s’y intéressent, bien que la plupart en soient encore au stade de la discussion générale. Pourtant, 32% des banques ont déjà développé des premiers cas d’utilisation ou ont mené des projets pilotes.

En réalité, seules 6% des banques utilisent actuellement des applications d’IA. Celles-ci se concentrent principalement sur « Régulation & Conformité » (54%) et l’automatisation des processus (55%), principalement dans les back-offices. Seulement 20% des banques envisagent actuellement des applications d’IA dans le domaine du conseil client et de la gestion d’actifs.

Durabilité, Greenwashing et obligations de reporting

Les banques suisses élargissent de plus en plus leur offre de produits à des solutions durables. Initialement focalisées sur les investissements durables, de plus en plus de banques intègrent également des critères ESG dans leurs processus d’octroi de crédits. La proportion de banques qui appliquent déjà des critères ESG dans l’octroi de crédits est passée de 22% l’année précédente à 37% aujourd’hui, tandis que 35% supplémentaires prévoient de le faire à l’avenir.

Le non-respect de ces promesses ou le manque de données pour le confirmer peuvent entraîner des accusations de greenwashing, ce qui représente un risque pour la réputation des établissements. Environ deux tiers des banques interrogées considèrent cela principalement comme un risque pour leur réputation, mais les autorités de régulation des principaux centres financiers sont de plus en plus agressives contre le greenwashing.

Un autre défi à partir de l’exercice 2024 est le reporting sur le climat pour de nombreuses banques suisses. Toutes les banques qui répondent à certains critères de taille sont tenues de mettre en œuvre les recommandations du Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) dans un rapport public. De plus, le Conseil fédéral prévoit d’exiger que les rapports sur la durabilité soient soumis à un contrôle à l’avenir. La production d’un rapport avec des données vérifiables pourrait poser un défi pour de nombreuses banques. Environ un tiers des banques considèrent le reporting sur la durabilité comme le plus grand défi opérationnel en matière de durabilité.

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